Tu vas te concentrer oui!!!

 Regard fixe!

             Sois attentif! Applique toi! Restez concentrés les gars!!!…Combien d’injonctions de la sorte pouvons nous entendre dans la bouche des entraineurs (et des parents) pendant l’action de leurs entrainés. A l’entrainement comme en compétition, ces phrases inhérentes à la concentration fusent dans tous les sens et sur tous les tons. Fort malheureusement, leur portée est souvent inefficace. En effet, ces « précieux conseils » ne sont que de simples encouragements directifs, et ne font, en rien, parti de consignes utiles à la performance. La raison est simple. L’attention et la concentration pendant l’exécution d’une tâche ou d’un geste ne s’ordonnent pas par une injonction. S’ils veulent bien faire, s’ils pensent bien faire, s’ils veulent aider ou peut-être se sentir utile et parfois même exister, les entraineurs, coachs et parents prodiguant voire proférant de telles phrases ont raison sur le fond alors que la forme, elle, est à revoir.

    S’il est acquis que la concentration et l’attention du sportif sont déterminantes pour une meilleure réalisation de la tâche à effectuer, il est à préciser que ces habiletés mentales sont modifiables, entraînables et donc perfectibles pour chacun des sportifs…à condition de les entrainer évidemment. Demander à un sportif d’être attentif est fort louable pour un entraineur (c’est bien le minimum syndical de sa mission de coach). Certes, il lui demande (ordonne, impose! selon sa pédagogie) d’être concentré…mais, lui a-t-il appris à l’être? C’est bien ici que se situe davantage le sens et donc la véritable efficacité de son intervention.

    Pour développer l’attention du sportif pendant l’action (si l’on veut dépasser le simple stade de la recommandation de type: « reste concentré jusqu’au bout sinon tu vas perdre »), la 1ère étape est d’abord, à mon sens, de se poser cette 1ère question fondamentale: Je lui demande d’être concentré pour être meilleur oui d’accord, mais au fait,

          1) « A quoi, quand et comment doit-il être attentif pendant l’action? » En 1ier lieu, il s’agit donc de repérer et d’identifier tous les éléments sur lesquels le sportif est susceptible de porter son attention et également à quel moment il doit porter son attention sur cet élément.

    Prenons 2 exemples de terrain pour expliquer. En compétition, un surfeur doit porter son attention sur de très nombreux éléments ( la houle, les vagues, le set, la vague à potentiel, l’endroit du pic, les positions de ses adversaires, le score…); un défenseur au football va devoir être attentif à d’autres éléments (la position des adversaires, de ses coéquipiers, qui possède le ballon, l’animation offensive de l’équipe adverse, qui est dangereux, et sur différentes actions plus précises (comme sur un corner défensif: dois-je regarder le ballon, mon adversaire direct, mes coéquipiers, l’inclinaison du pied du tireur…). Une fois que tous ces éléments sont déterminés (la liste est souvent très longue), il est ensuite nécessaire de passer à la 2ème étape:Savoir se concentrer

          2) A quel moment et sur quel(s) élément(s) le sportif doit porter son attention? En parallèle, il est également utile d’identifier ce que l’on appelle les éléments parasites (croyances limitantes, éléments extérieurs perturbateurs, pensées négatives…) qui peuvent venir perturber la concentration du sportif et qui répondent à la question suivante:

          3) Quels sont les éléments sur lesquels il m’arrive de porter mon attention mais qui, à cet instant précis, me perturbent pour réaliser parfaitement la tâche, le geste, le déplacement..? Par exemple, un surfeur qui a la priorité, doit il porter son attention sur la position de ses adversaires lorsqu’il a choisi sa vague? Un surfeur qui est en tête au niveau du score à 2 minutes de la fin, doit-il porter son attention sur son choix de vague, sur le pic ou bien sur son adversaire pour l’empêcher de prendre une bombe? Malheureusement, j’observe trop souvent des surfeurs perdre par manque d’attention et de concentration dans les dernières secondes alors qu’ils sont devant au score…et qu’il devraient se contenter de contrôler le pic. En football, combien de buts sont encaissés par une équipe alors qu’elle vient d’ouvrir le score? Encore ce week-end, en demi-finale du championnat du monde de basketball, à 3 mn de la fin, la Serbie mène de 5 points contre la France, la meneur de jeu Serbe récupère un ballon sous son panier puis le remonte tranquillement vers le panier adverse. Encore dans sa moitié de terrain, l’arbitre siffle faute et donne la balle à la France. Il a mis plus de 8 secondes pour passer la ligne médiane. C’est une des règles de base. Le commentateur Georges Eddy ajoute « c’est incroyable de se faire sanctionner sur çà, c’est une faute de poussin!« . Je dirais : « faute d’attention et de concentration »? . A ce moment là, la Serbie mène de 5 points, 2 minutes plus tard, la France mène au score. Y a-t-il une relation de cause à effet? La technique et la tactique, n’ont ici plus rien à voir…et les exemples pour le prouver sont légions et observables dans toutes les compétitions sportives…même à très très haut niveau.

       Quels sont les avantages de développer un meilleur contrôle de l’attention et de la concentration du sportif?

    Ne pas passer à côté d’une information importante; parvenir à se concentrer rapidement et plus longuement sur une tâche; être plus résistant aux distractions environnantes; diminuer les efforts à fournir pour rester concentré; optimiser l’utilisation de ses ressources intellectuelles pour gagner du temps, accroitre son rendement, améliorer la confiance en soi.

C’est ici que débute le travail de préparation mentale permettant de développer l’attention et la concentration du sportif. Pour perfectionner ces habiletés mentales, plusieurs outils existent mais pour cela, il est nécessaire que le sportif s’accorde du temps pour travailler son mental et, pour le préparateur mental, il est important de choisir « le bon outil » en fonction du profil de l’athlète.

« La focalisation est la quintessence de la performance au plus haut niveau dans toute activité, peu importe le niveau de compétence ou l’âge de celui qui agit. »    Timothy Gallwey, The Inner Game of Tennis

Clément Durou

 

 

 

 

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